Le Choix de Fès par d’Ahmed Tijani – Sidi Ahmed Tijani hôte de Moulay Slimane — Un rôle déterminant dans la région subsaharienne et le Sahel occidental — Une optique unitaire résolue pour la sécurité spirituelle — Disséminer les valeurs de la tolérance
Le roi Mohammed VI a adressé, mercredi, un message aux participants aux troisièmes assises des adeptes de la Tarika Tijania à Fez (14-16 mai courant). Cette grande messe qui se tient au grand d’Alger qui essaye d’en contester la légitimité à travers un prétendu khalifa général de la tarîqa et l’organisation les jours prochains d’une mini assise de 250 personnes, constitue un pèlerinage à la ville de Fès pour le recueillement sur la tombe du fondateur de cette confrérie, Cheikh Sidi Ahmed Tijani, et s’abreuver aux sources de la sagesse spirituelle que ce grand homme pieux a léguée à la communauté des croyants. Mais elle représente surtout le troisième colloque international des tijanes où des maîtres soufis, savants, chercheurs, disciples et adeptes se penche sur le bilan et le devenir de la zaouia.
Dans message royal, dont lecture a été donnée par le ministre des Habous et des Affaires islamiques Ahmed Toufiq, le souverain marocain a tenu à exprimer la joie et la fierté que lui « inspire cette réunion bénie. Les adeptes de la Tarika Tijania tiennent ces assises pour la troisième fois au Royaume du Maroc dont la capitale spirituelle, Fez, abrite e mausolée du pieux savantissime Sidi Ahmed Tijani, fondateur de la Tarika précitée.
Le Choix de Fès par d’Ahmed Tijani
Le vénéré saint homme Sidi Ahmed Tijani a choisi cette ville comme lieu de résidence, siège principal de sa Zawiya et centre de rayonnement de la Tarika qui porte son nom. Loin d’être une coïncidence ou le fruit du hasard, ce choix tient au fait que le saint homme mesurait à quel point le Maroc était attaché à l’Islam, soucieux de se conformer aux prescriptions de la « Sounna » du Prophète, le Sceau des Messagers […] Ce choix s’explique également par la sollicitude toute particulière que manifestaient les Rois du Maroc aux savants et aux figures de proue du Soufisme. Il est dû, en outre, à cette particularité qui caractérise l’histoire du Maroc, à savoir la « Beïa » (allégeance) à « Imarat Al Mouminine » (Commanderie des croyants). […] Voilà pourquoi, dans le Nord-Ouest de l’Afrique, le Maroc a toujours été une citadelle inexpugnable, un phare balisant la voie du salut, éclairant les consciences dans toutes les contrées sub-sahariennes, sous l’impulsion de ses grands monarques et sous la direction de ses oulémas émérites et de ses soufis accomplis, qui joignaient à la maîtrise de la loi, l’orthodoxie de la méthode et la quête de la vérité.
Sidi Ahmed Tijani hôte de Moulay Slimane
La Tarika Tijania fut fondée par le saint homme, le parangon de la vertu, Sidi Ahmed Tijani au 12ème siècle de l’hégire. Elle s’est construite sur le socle de la foi, de la piété et de la quête constante de la bénédiction divine. Elle a pris son essor en alliant science de l’apparent et science ésotérique, en intensifiant les efforts, et en multipliant les invocations de Dieu. Elle s’est attachée aux prescriptions de la Sounna Prophétique, en s’investissant dans l’unification de la communauté et dans la diffusion de l’amour et de la concorde au sein de la Oumma. Dans cette entreprise exaltante, la Tarika Tijania a été l’objet d’une parfaite et constante sollicitude de la part de Nos vénérés aïeux, les Rois de la Dynastie Alaouite. En tête de ces monarques fut le Sultan Moulay Slimane, qui a accueilli chaleureusement avec tous les égards dus à son rang, le Cheikh Sidi Ahmed Tijani, à son arrivée dans cette cité dont les oulémas et les disciples ont, comme il se devait, manifesté à son égard, une grande réceptivité spirituelle.
Un rôle déterminant dans la région subsaharienne et le Sahel occidental
Nul n’ignore le rôle majeur que la Tarika Tijania a joué dans toute la région sub-saharienne et le Sahel occidental, à l’Est, comme à l’Ouest, dans la diffusion de l’Islam authentique et la propagation des vertus morales qu’il prône. Nous savons comment ses adeptes se sont employés, avec sincérité et dévouement, à extirper des milliers d’africains du carcan mystificateur du paganisme et de l’idolâtrie, et à les soutenir dans leur résistance contre le colonialisme. Grâce au message radieux qu’ils ont propagé et à l’éducation édifiante qu’ils ont prodiguée, l’Islam s’est affirmé comme la voie idoine de la piété et de la probité, de l’amour et de la fraternité pour tous les pays et les contrées qui ont accueilli de bonne grâce le message de la Tarika. Le Maroc est donc resté, sous la conduite de mes glorieux aïeux, fidèle à ses traditions ancestrales de soutien et de sollicitude à l’égard du soufisme et de ses adeptes. Leurs mausolées et leurs « zaouiyas » étaient l’objet de toutes les attentions et tous les égards, tant qu’ils s’astreignaient à la voie de la Sounna Prophétique et à l’unité de la nation et de la communauté sous la direction de la Commanderie des Croyants. A celle-ci revient la charge de veiller à la préservation de la communauté de rite de la Oumma, de son unité nationale et de son intégrité territoriale. Il lui appartient également de veiller à la diffusion des valeurs prônant le juste milieu, la modération et la coexistence et favorisant le renforcement des liens de fraternité entre les africains. Car, en effet, cette fraternité constitue le socle inébranlable sur lequel reposent les édifices de coopération dans tous les domaines de développement humain en Afrique [...]
Une optique unitaire résolue pour la sécurité spirituelle
Cette politique éclairée, que Nous menons avec foi et détermination, s’inscrit dans une optique unitaire résolue et dans une stratégie ambitieuse fondée sur la dynamisation du rôle du soufisme dans la dissémination de la sécurité spirituelle et la diffusion des valeurs d’amour et de concorde, loin du fanatisme et de la haine. C’est dans ce contexte que la Tarika Tijania tient les présentes assises. Elle s’apprête à se pencher sur des questions internes, celles relatives à ses zaouiyas et à la coordination entre les responsables de ses organes. Elle va engager des échanges de vues afin d’élaborer des plans d’action pour une mise à niveau de l’éducation spirituelle à la lumière des nouvelles réalités. Tout cela traduit à quel point vous mesurez la nécessité pour la Tarika Tijania de remplir pleinement sa mission dans cette conjoncture historique pour les sociétés musulmanes. En effet, celles-ci ont besoin, plus que jamais, du concours de tous les oulémas, théologiens, soufis et autres parties prenantes pour relever le défi de l’extrémisme aveugle et contrecarrer les démons du séparatisme et de la division.
Pour répondre à une exigence aussi pressante, il n’y a d’autre choix que de procéder à une mobilisation collective de tous ceux qui appellent à un Islam médian dans sa démarche sunnite en terre d’Islam. Car il s’agit de barrer la route aux chantres du radicalisme, du terrorisme, de la dissension, du démembrement et des doctrines mystificatrices […]
Disséminer les valeurs de la tolérance
Eu égard à la charge suprême de la Commanderie des Croyants dont Dieu Nous a investi, Nous avons constamment manifesté Notre sollicitude aux confréries soufies qui veillent à inculquer à leurs adeptes les valeurs morales inspirées de la vertueuse Sunna du Prophète et de Sa tradition sublime.
Ces égards leur sont montrés à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc, plus particulièrement dans les pays africains frères où Nous nous attachons à raffermir les liens unissant leurs peuples et à renforcer davantage la coopération étroite avec leurs directions éclairées. Notre seul objectif est d’aider ces pays à assurer leur renaissance, à développer leurs potentialités et à disséminer les valeurs de tolérance, de coexistence, de concorde et de cohésion entre leurs différentes composantes. En cela, Nous sommes convaincus de l’opportunité de mobiliser les énergies spirituelles et de mettre en œuvre l’approche divine pour leur permettre de façonner leur personnalité propre.
Nul doute que la confrérie Tijania est forte d’un capital historique appréciable dans ce domaine éducatif. Marqué du sceau de la sagesse, ce patrimoine est voué à purifier les âmes et à contrecarrer la déferlante du matérialisme né de l’ébranlement des valeurs et de la défiance généralisée à l’endroit de la religion en raison de l’image peu reluisante que les fanatiques renvoient d’elle. D’où la nécessité de revivifier l’approche soufie sous toutes ses formes et dans toutes ses tendances, afin de guérir les âmes en en bridant les pulsions et en restaurant l’équilibre entre l’esprit et la matière, à la lumière de l’idéal de juste milieu prôné par l’islam.