Habib Defouad : La lettre de Bouteflika, un "subterfuge mesquin pour colmater les brèches d'un fiasco diplomatique"

"Il faut prendre date des derniers incidents algéro-polisariens longtemps étouffés dans l'œuf, car plus la marocanité du Sahara prend racine, plus ses détracteurs cèdent à la panique", a prévenu d'emblée M. Defouad dans une déclaration à la MAP. 

 

Et pour cause, a-t-il rappelé, "les différences et les accros qui éclatent au grand jour dans le camp adverse algéro-polisaien ont commencé précisément au lendemain de la proposition marocaine d'autonomie dans les provinces du sud, soit une période marquée par la grande évasion de plusieurs transfuges des camps de séquestration de Tindouf". 

 

Cette proposition, a-t-il soutenu, a fait bouger les lignes, dès lors qu'elle fut portée par la résolution 1920 du Conseil de sécurité qui a réaffirmé sa prééminence dans le processus de négociations sur la base du réalisme et de l'esprit de compromis. 

 

Rien d'étonnant donc, a-t-il poursuivi, que le grand schisme algéro-polisarien soit, récemment encore, plus exacerbé par l'échec de la stratégie d'élargissement du mandat de la MINURSO aux droits de l'Homme, dans un contexte marqué par la responsabilité algérienne dans ce qu'il est convenu d'appeler la dérive totalitaire du polisario dans les camps de Tindouf. 

 

"Il fut un temps où l'Algérie et son rejeton le polisario parlaient le même langage et visaient les mêmes objectifs. Aujourd'hui, la géopolitique dans cette partie du monde a changé et singulièrement au Sahel jusqu'en Côte d'Ivoire", a encore relevé M. Defouad. 

 

Les temps ont beau changer et le monde avec, "le polisario est toutefois demeuré sclérosé s'accrochant comme un noyé dans les eaux méditerranéennes à son projet illusoire d'indépendance", a-t-il regretté. 

 

"L'Algérie, elle, sans prise sur la nouvelle donne géopolitique régionale évolutive, continue de nourrir les mêmes contradictions, à ceci près que les décideurs algériens semblent vaciller entre idéologie doctrinale et Realpolitik", a-t-il encore dit. 

 

Pour M. Defouad, "l'émergence de la nouvelle démocratie malienne n'a pas été, non plus, pour arranger les affaires algéro-polisariennes puisque la débâcle d'AQMI et des mercenaires du polisario a provoqué une onde de choc au sein du mouvement qui reproche à Alger son profil bas, d'autant plus que la diplomatie marocaine a su se déployer avec brio dans cet ancien pré-carré algérien". 

 

Ancien conseiller politique à l'ambassade du Maroc à Paris (1999/2004), chargé d'affaires en Hollande (2004/2006), puis directeur de la direction Europe au ministère des Affaires étrangères et de la coopération, Habib Defouad a également officié en tant que chargé d'affaires du Royaume du Maroc en Afrique du sud (2006/2011). 

 

Le conflit du Sahara dit ''occidental'' est un différend imposé au Maroc par l'Algérie qui finance et héberge sur son territoire à Tindouf le mouvement séparatiste du ''Polisario''. 

 

Le ''Polisario'' soutenu par le pouvoir algérien revendique la création d'un Etat factice au Maghreb. Cette situation bloque tous les efforts de la communauté internationale pour une intégration économique et sécuritaire régionale.