Ahmed Lakhrif, parlementaire à la Chambre des conseillers, a mis en garde mardi à New York, contre «l'idéologie terroriste qui est en train de se propager» dans les camps de Tindouf.
La «propagation de l'idéologie terroriste à l'intérieur des camps de Tindouf est une réalité que personne ne peut contester», a dit Lakhrif qui s'exprimait devant la 4e commission de l'Onu.
Il a dénoncé la situation critique qui prévaut dans les camps de Tindouf où une grande partie de la population, «mes frères et membres de ma tribu», vivent dans des conditions très difficiles, une situation qui contribue au désespoir et à la frustration, notamment parmi les jeunes, qui constituent un terreau fertile pour les organisations terroristes et autres groupes armées ainsi que pour la grande criminalité qui prospèrent dans la bande sahélo-saharienne.
Les organisations terroristes et les groupes armés ont profité de cette situation pour s'infiltrer dans les camps et y diffuser leurs idéologies et y recruter de nouveaux membres, a déploré cet élu municipale de Laâyoune.
Une «réalité incontestable de l'aveu même des dirigeants du polisario», a-t-il dit, se référant aux propos d'un haut responsable des séparatistes rapportés récemment par le quotidien espagnol «ABC», selon lesquels des éléments du polisario ont rejoint les rangs des plus importantes organisations terroristes actives dans la région, à savoir Aqmi et Mujao.
«C'est une première que de voir le polisario lui-même reconnaître que des éléments de ses milices adhèrent à des organisations terroristes, a fait observer Lakhrif, pour qui cela «prouve, si besoin en était, la gravité de la situation qui ne peut plus être dissimulée», surtout de la part du polisario qui «nous a habitué à nier tout scandale qui le mine de l'intérieur».
Cependant les graves bouleversements qui secouent la région sahélo-saharienne depuis quelques mois, a rendu la politique du camouflage inutile, notamment après l'enlèvement de trois étrangers (deux Espagnols et une Italienne) au sein même des camps du polisario, a rappelé Ahmed Lakhrif.
Et de s'interroger devant les Etats membres sur la question de savoir comment une organisation terroriste, aussi puissante fut-elle, puisse pénétrer le siège de la direction du polisario en dépit d'un dispositif de surveillance des plus sévères, kidnapper des otages, sans éveiller la vigilance de quiconque et s'éloigner à des centaines de km avant que les milices du polisario ne s'en rendent compte? Comment se fait-il qu'un tel enlèvement puisse s'opérer aussi facilement sans qu'il y ait ne serait-ce qu'un seul coup de feu, surtout dans une zone de déploiement militaire intensif?.
Comment ces otages ont pu être transportés en un temps record depuis les camps de Tindouf jusqu'au nord du Mali, en toute sécurité et quiétude, dans une zone aussi militarisée et en état d'alerte permanente?, s'est-il encore interrogé.
Pour lui, il ne fait aucun doute que sans une complicité de l'intérieur même des camps de Tindouf, avec certainement la connivence de certains hauts fonctionnaires du polisario, les «terroristes n'auraient jamais pu monter une telle opération qui tient du domaine de l'impossible, surtout dans un terrain aussi surveillé et contrôlé». Il a, par ailleurs, critiqué les calculs personnels et mesquins du polisario et son entêtement à maintenir le statuquo et tenir en otage les populations dans les camps, car servant «ses propres intérêts».
Il est évident, pour ce natif de Smara, que le désespoir et les frustrations sont le résultat de l'intransigeance de la direction du polisario qui refuse la proposition marocaine d'autonomie, qui préserve la dignité des Sahraouis, garantit leur bien-être et sauvegarde leur culture et identité, a-t-il conclu.
Publié le : 10.10.2012 - 18h21 - MAP