Un expert européen en géopolitique a mis en garde, mardi à New York, contre la "combinaison infernale" du séparatisme et du fondamentalisme religieux, faisant un parallèle entre le "Polisario" et le Mouvement de libération de l'Azawad (MNLA).
"Durant des décennies, je n'ai cessé d'avertir sur les risques géopolitiques immenses que faisait peser sur la région sahélo-saharienne la combinaison infernale du séparatisme et du fondamentalisme", a souligné le Professeur Aymeric Chauprade devant la 4-ème commission de l'ONU.
Les "séparatistes touaregs" ont vite été évincés du Nord du Mali par les islamistes radicaux, qui "les ont chassés de Tombouctou, de Gao et du fleuve Niger", a-t-il rappelé aux représentants des Etats membres de l'ONU, réunis dans le cadre du débat général de la 4-ème commission de l'Assemblée générale de l'Organisation internationale.
Une "coalition infernale réunissant Ansar Eddine, Mujao (Mouvement pour l'Unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), Aqmi et Boko Haram domine désormais les principales villes de l'Azawad et s'emploie à la destruction des lieux saints de l'Islam, aux amputations, lapidations et autres actes de barbarie", a déploré M. Chauprade, qui enseigne aux universités de Neuchâtel (Suisse) et de la Sorbonne (France).
"Qui nous fera croire que l'état d'esprit des populations embrigadées par le Polisario est encore le même que celui de la Guerre froide? Par quel miracle aurait-il échappé à la dérive mafieuse et à l'extrémisme que connaît cette région depuis plus de 10 ans?", s'est-il interrogé.
"L'idéologie du Polisario ne repose sur aucun fondement historique et géopolitique susceptible de conférer une légitimité à son projet. Bien plus, cette idéologie artificielle, née des circonstances de la Guerre froide, est si vide qu'elle sera balayée en un instant par le fondamentalisme, si la communauté internationale commet l'erreur de laisser pourrir la situation ou de faire le jeu du Polisario", a-t-il averti.
"A partir du moment où aucune substance nationale n'existe et, qu'en plus, des générations de Sahraouis n'ont connu que la culture totalitaire qui règne dans les camps de Tindouf, comment dès lors ne pas craindre le cauchemar du fondamentalisme?", a-t-il poursuivi.
Pour lui, la région a besoin à la fois de justice et de pragmatisme, qui sont la "clé d'un retour à la stabilité".
Le Maroc a "donné l'exemple ces dernières années, en mettant en place le premier les conditions d'une véritable autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine", a-t-il relevé, soulignant que cette formule est "juste, équilibrée et pragmatique, car garante de la stabilité de la sous-région".
Les populations sahraouies dans les provinces du Sud ont le droit à un avenir stable et au développement et elles ont "compris, dans leur très large majorité, que le Maroc pouvait offrir cet avenir", a-t-il ajouté.
C'est pourquoi, M. Chauprade a invité tous ceux qui regardent le problème du Sahara avec les "vieilles lunettes idéologiques du passé, celles de la Guerre froide, à reconsidérer leur position et à l'inscrire dans la réalité géopolitique du moment.