La réunion de travail de Christopher Ross avec les chefs des 26 partis politiques mardi aura duré plus de 6 heures (20 h à 2h du matin). Elle a eu lieu suite à la demande de l’émissaire spécial du secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon de rencontrer les dirigeants politiques. Hamid Chabat, Abdelouahad Radi, Salaheddine Mezouar, mais aussi Nabila Mounib (PSU), Abdelkrim Benatiq (Parti travailliste), Abderrahman Benamar (PADS),… toutes les tendances y étaient représentées, même celles qui ne participent pas aux élections. Il semble que lors de l’audience royale, il a «obtenu carte blanche pour rencontrer qui il veut». Pourra t-il faire de même à Tindouf et à Alger, ses prochaines escales après celle de Laâyoune? Ce n’est pas sûr. En tout cas, Christopher Ross devra se rendre également à Madrid, Paris et Washington. Le concours de ces capitales sera décisif dans le traitement du dossier du Sahara.
Visiblement, Christopher Ross est conscient des difficultés qui l’attendent. Surtout que pour «les grandes puissances, le Sahara n’est pas une priorité. Il y a beaucoup d’intérêts notamment énergétiques qui empêchent la résolution de ce conflit», a-t-il souligné. Pourtant, elles sont «favorables à la proposition marocaine en faveur d’une large autonomie dans les provinces du Sud», a ajouté Ross devant les chefs des partis politiques. Une conviction que partage Abdelkrim Benatiq, présent également à la rencontre avec Christopher Ross. Pour le secrétaire général du Parti travailliste, «les grands décideurs au niveau international, que sont notamment les USA et la France, sont convaincus du sérieux de l’offre marocaine. Mais ce soutien se déroule dans les coulisses ou via des déclarations officielles. Dans la réalité, ils ne font aucune pression sur Alger ou sur le polisario pour les amener à engager sérieusement des négociations». Pour un connaisseur de la genèse du conflit entre les deux pays, «cet élément de blocage historique doit être dépassé, d’autant que l’offre marocaine est présentée comme une base de discussions pour arriver à une solution acceptée par tout le monde. Ce qui signifie que Rabat est prête à faire des concessions pour sortir définitivement de l’impasse».
En voulant écouter les patrons des partis, cet ancien diplomate américain a cherché à mieux comprendre la complexité du dossier. Par la même occasion, il a pu réaliser l’ampleur de l’attachement de tout un peuple à son intégrité territoriale.
D’autant que la tâche a été facilitée par sa maîtrise de la langue arabe .
En tout cas, le rendez-vous de Christopher Ross avec la classe politique, toutes tendances confondues, marquera à coup sûr, un tournant dans sa perception des choses. En voulant écouter les patrons des partis, cet ancien diplomate américain a cherché à mieux comprendre la complexité du dossier. Par la même occasion, il a pu réaliser l’ampleur de l’attachement de tout un peuple à son intégrité territoriale. D’autant que la tâche a été facilitée par sa maîtrise de la langue arabe.
Mais avant que les dirigeants politiques ne dévoilent, sans concessions, leurs visions sur le sujet, Christopher Ross a réitéré sa volonté de régler ce problème, «très ancien, qui aura consommé 9 envoyés spéciaux et 5 secrétaires généraux des Nations Unies». A cette occasion, il a rappelé les deux missions, dont Ban Ki Moon l’a chargé. La principale est de rapprocher les points de vue des parties en présence, avec l’objectif d’aider à la négociation. La seconde mission consiste à rapprocher les deux pays voisins mais dont les frontières sont fermées depuis 1994. Pour lui comme pour le secrétaire général de l’ONU, le rapprochement d’Alger et Rabat reste la clé du problème et l’élément déclencheur d’une véritable négociation. Dans cette affaire, Christopher Ross est convaincu que le Maroc prépare un environnement pour la paix. D’ailleurs, dans les échanges bilatéraux, plusieurs ministres marocains se sont rendus en Algérie. Un seul algérien a visité le Maroc. Malgré ce déséquilibre, Rabat maintient la politique de la main tendue. Sur le couple Maroc- Algérie, l’émissaire spécial de Ban Ki Moon est optimiste. Il nourrit l’espoir d’un prochain dégel des relations qui devra s’enclencher par l’ouverture des frontières terrestres.
Mohamed CHAOUI