
Certainement, l'incohérence qui a marqué la position de l'OUA s'agissant du différend saharien l'a écartée de sa mission initiale qui consistait à prêter sa médiation aux parties en conflit en évitant de se rallier à l'une d'elles. En transgressant le principe de neutralité, l'OUA, à travers son traitement politisé, a bien aggravé la situation, sachant que le Maroc avait démontré ses bonnes intentions, lors du sommet de Nairobi, tenu en 1981, en acceptant le recours à la voie référendaire. Mais les vicissitudes de l'organisation panafricaine l'ont poussé à remettre le dossier saharien aux Nations Unies. Lequel dossier n'est traité, dès lors, par l'OUA, et ultérieurement par son héritière l'UA, qu'en position secondaire.
Ceci dit, depuis son retrait de l'OUA, le Maroc a toujours œuvré en vue de parvenir à une solution pacifique, négociée et durable, en mesure de mettre fin au différend saharien. Cette position modérée et la place importante qu'a toujours occupée le Maroc sur la scène africaine ont incité un groupe d'intellectuels, réunis au sein d'un Comité africain d'Initiative à Dakar, le 21 décembre 2011, à lancer un appel pour le retour du Maroc au sein de l'UA. Plusieurs responsables africains avaient auparavant adopté la même démarche. Le 17 janvier 2012, l'ambassadeur du Gabon auprès des Nations Unies, Nelson Messone, a exhorté, lors d'un point de presse tenu à l'occasion de la fin du mandat de son pays au sein du Conseil de sécurité, l'organisation panafricaine à trouver une solution idoine à la question saharienne. Celle-ci, selon les termes du diplomate gabonais, est une question prioritaire pour l'UA.
Or, qu'il s'agisse de l'OUA ou de l'UA, le traitement de l'affaire du Sahara demeure tributaire des considérations politiques. Le 16 décembre 2011, lors du 13ème congrès du Polisario tenu à Tifariti, le représentant de l'UA, Diallo Boubacar, a exprimé, selon une dépêche de l'« agence », Sahara Press Service (SPS), le soutien de la Commission africaine à la « lutte menée par le Front Polisario pour la libération du Sahara occidental », saluant au passage « la résistance pacifique du peuple sahraoui pour son autodétermination et son indépendance ». L'émissaire de l'UA a également regretté qu'un référendum d'autodétermination n'ait pas eu lieu en raison, selon ses dires, des « obstacles du Maroc ».
Ceci dit, les propos de M. Boubacar procèdent d'une vision du moins qu'on puisse dire subjective puisque l'on sait que l'appellation de « peuple sahraoui » est une expression non officielle au sein des Nations Unies qui utilisent plutôt des appellations telles les « habitants du Sahara occidental », le « peuple du Sahara occidental » ou encore les « Sahraouis occidentaux ». L'on sait également que les Secrétaires généraux des Nations Unies ont, tout au long de la décennie 1990 et au début des années 2000, à maintes reprises exprimé, dans leurs rapports relatifs à la situation au Sahara occidental, l'impossibilité d'organiser une opération référendaire en raison d'une multitude de problèmes techniques dont l'établissement d'une liste des votants acceptée de tous. Pour cause, la nature géographique du territoire saharien et la complexité des affiliations tribales in situ.
Somme toute, et à l'instar de sa devancière l'OUA, la partialité de l'UA s'agissant du différend saharien est confirmée. Ce qui rend le choix pour le Maroc de réintégrer cette organisation difficile étant donné que les raisons de son départ ne sont pas devenues caduques. Le Royaume, ne pourrait en effet siéger dans un même cadre que la « RASD », sachant que cette entité fictive ne dispose pas des éléments d'un Etat souverain, manque de légitimité internationale et ne représente aucunement la volonté libre des populations sahraouies.
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